vente directe jobReportage de Philippe Duport pour France Info, le 23 septembre 2014

Vendeur à domicile, le métier garde un image vieillotte, et pourtant ce secteur affirme qu’il a créé 34.000 emplois l’an dernier, pour une croissance de 3,9%. Quelque 600.000 personnes travaillent aujourd’hui dans la vente à domicile. Un métier surtout exercé par des femmes, dans les petites villes, en régions.

Trente quatre mille nouveaux emplois, tout le monde ne peut en dire autant par les temps qui courent

Une croissance de 3,9%, ça n’est pas courant non plus. Ce secteur en pleine forme, ça n’est pas l’aéronautique ni le luxe. C’est tout simplement la vente directe. Son image est vieillotte. La vente directe est souvent réduite aux réunions Tupperware. Et c’est vrai que la marque américaine a fait décoller ce mode de distribution en France dans les années soixante. Mais depuis, le paysage a bien changé.

D’abord parce qu’on parle désormais d’une véritable industrie. Qui fait travailler six cents mille personnes et qui dépasse largement les boîtes en plastique. La vente directe concerne désormais les cosmétiques, la lingerie, les vêtements en prêt à porter ou en sur mesure, mais aussi les fenêtres, les éoliennes ou les radiateurs, la gastronomie régionale, l’électro-ménager, la téléphonie mobile, la maroquinerie, la déco et même – c’est le patron de la fédération de la vente directe qui l’affirme – les sex toys… une catégorie qui connait même une forte croissance.

Le principe de la vente directe n’est pas nouveau

On « représente » les produits d’une marque et on les commercialise grâce à son réseau, dans des ventes en réunion, au domicile des acheteurs qui souvent se regroupent. Mais ce qui est nouveau, c’est que grâce ou à cause de la crise, le profil des vendeurs n’est plus le même. Ce sont toujours des femmes, pour 82% d’entre elles, mais on voit de plus en plus de travailleurs à temps partiel qui pratiquent la vente directe pour s’assurer un complément de revenus dont elles ne peuvent pas se passer. On voit aussi de plus en plus de jeunes diplômés se lancer – ils sont aujourd’hui 24% des vendeurs – souvent dans la perspective de lancer leur propre entreprise. Une licence universitaire en vente directe va même être lancée à la rentrée prochaine.

Environ deux cent mille vendeurs gagnent deux mille euros et plus par mois grâce à la vente directe

On en parle peu : notamment parce que ce type de distribution est surtout assuré par des femmes et dans les petites villes de province. Il commence tout juste à conquérir les villes de plus de cent mille habitants mais peine à se développer dans les grandes métropoles. Et pourtant, le Credoc, spécialisé dans l’observation des conditions de vie, estiment que de deux cent à trois cent mille emplois pourraient être créés dans les six ans à venir. En toute discrétion.

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